Mes paysages : le port de Singapour en 1988 J’étais à Singapour, loin de mes bases, loin de ma famille. J’avais organisé un séminaire international sur les systèmes d’information pour la télévision et l’audiovisuel. J’étais épuisé. Le décalage horaire, le surmenage, le manque de sommeil, l’impérative tension vers la réussite. Et ce fut réussi.
Le dernier jour, avant de reprendre l’avion, un gap, quelques heures de liberté. Comme une page blanche. Et je ne sais quelle intuition, je décide d’aller visiter le port de Singapour, à l’époque, en 1988, premier port de marchandises du monde, juste devant Rotterdam. C’était la tombée de la nuit et la visite s’effectuait en bateau. Une coquille de noix chinoise, courbe et bariolée qui se faufilait, toute petite, chahutée par les porte-conteneurs. Géants géométriques et monstrueux. Images de toutes nos démesures.
Un peu plus loin, les lumières des quais, les dockers affairés, les transpalettes, les grues qui tournent… et, à nouveau, les lumières sur le fond noir de la nuit. Et moi, je flotte, j’accueille, je deviens l’unité du monde. Je suis fatigué, je pense à ceux que j’aime. Il y a les symboliques trainées de mon travail des derniers jours… et j’accueille le paysage, le combat du monde.
Il m’aura fallu quatorze ans et une année sabbatique consacrée à la peinture en 2001 / 2002 pour peindre cet instant. ce saisissement sur fond noir qui m’est revenu. Intact.
|